« Les filles ! Passez le permis poids lourd ! »

TRUCKLIFE

La chauffeuse Laura ne changerait son métier contre rien au monde

Laura Eichmann et son camion-benne MAN « Goofy » forment une équipe de choc. Au fil de leurs tournées, ils explorent ensemble la Suisse centrale et ne peuvent pas se plaindre de ne pas attirer l’attention sur les chantiers.

L’apparence de Laura ne correspond pas forcément aux attributs généralement propres aux chauffeur·se·s. Avec ses 1,68 mètre et 52 kilos, on ne pense pas automatiquement que cette menue Suissesse exerce le métier de chauffeuse routière. Mais c’est n’importe quoi, car il suffit de parler avec Laura pour entendre et sentir la véritable passion qu’anime en elle le monde des camions. Cela fait trois ans et demi que la jeune femme tout juste âgée de 30 ans a quitté son ancien poste dans une boulangerie pour passer derrière le volant d’un camion. « Un jour, j’ai accompagné un collègue pendant sa tournée, puis j’ai pu prendre moi-même les commandes sur le terrain de l’entreprise. À partir de ce moment-là, j’ai été comme subjuguée et je n’ai plus jamais voulu faire autre chose », raconte Laura sur ces débuts de chauffeuse.

« C’est définitivement mon métier de rêve »

Ce qui plaît à Laura, c’est la grande responsabilité et autonomie inhérente au métier de chauffeur·se : « Je dois chercher des solutions et me pencher sur différents sujets, comme la technique, la planification d’itinéraires et la répartition du temps de travail. » Bien entendu, il y a aussi des choses qui la dérangent. Par exemple, le manque d’égards dont font preuve certain·e·s automobilistes envers sa profession. En revanche, cela se passe beaucoup mieux avec ses collègues : « Nous nous entraidons entre chauffeur·se·s professionnel·le·s », explique Laura.

Même si le ton est parfois un peu plus rude. Laura l’a surtout remarqué sur les chantiers, là où se concentre son activité : « Sur les chantiers, il faut avoir la peau plutôt dure. » Et en tant que femme derrière le volant, elle a parfois d’abord dû faire ses preuves, ce qui n’a toutefois pas été compliqué pour la Suissesse. En effet, il arrive bien plus souvent que le silence tombe sur le chantier lorsqu’elle y fait son apparition pour la première fois et que tout le monde propose de l’aider.

Un MAN nommé Goofy

Le véhicule préféré de Laura est son MAN. « La plupart des femmes dans ma branche donnent un nom à leur camion et le mien se prénomme Goofy. » Elle devient alors dithyrambique : « Goofy a tout ce qu’il faut. Il est aussi très agréable à conduire sur de longs trajets, je peux m’y installer confortablement. En plus, il est puissant », ce qui est une très bonne chose, puisque Laura roule beaucoup sur des terrains accidentés, sur des routes de montagne et à destination de fermes isolées. Elle profite alors de la consommation économique en diesel du MAN. « Mon plus grand souhait est de participer avec Goofy encore à bien des chantiers, tous plus formidables que les autres, et de pouvoir explorer ensemble la Suisse centrale. » Laura est certaine qu’il restera un compagnon à la fois fiable et fidèle.

Puis elle prend encore une fois fait et cause pour son métier : « Je ne peux que conseiller à toutes les femmes qui aiment conduire une voiture et n’ont pas peur de renverser les clichés : passez le permis poids lourd. Oui, c’est un métier difficile, et oui, il faut des nerfs d’acier. Mais les chauffeur·se·s forment une grande famille et cela compense tellement de choses qui ne fonctionnent peut-être pas de manière optimale. »